Peinture 130 x 81 cm, 30 novembre 2010

La date nous indique que l’artiste a plus de 90 ans au moment où il peint cette toile. Après environ vingt années consacrées principalement à l’Outrenoir, Pierre Soulages réintroduit parfois le blanc dans des œuvres à partir des années 2000.

Il précise cependant à ce propos : « ce n’est pas un blanc découvert, c’est un blanc qui en réalité conduit au travail sur le noir »*. Les relations entre ces deux couleurs permettent à l’artiste de créer de nouveaux effets de contraste et de lumière.

Dans Peinture 130 x 81 cm, 30 novembre 2010, l’artiste applique des touches épaisses de noir de manière oblique en verticale, qui semblent flotter sur du blanc. La succession régulière de ces bandes noires sur l’ensemble de l’œuvre, entraîne un effet de rythme. À la surface de la composition, le travail de grattage de la matière fait naître des zones tempérées dans lesquelles les blancs et les noirs semblent se mélanger pour produire des effets de lumière aux tonalités grises. Ce raclage horizontal, crée également un effet de mouvement : comme si un souffle interne à la toile faisait glisser les formes sombres sur le fond clair. La lumière jaillit de différentes manières dans l’œuvre : les pigments clairs, déplacés dans le noir, brillent par contraste. Également, l’espacement entre les bandes noires crée de larges fenêtres de lumière. La surface en bas à droite de la toile, plus aérée, laisse apparaître un blanc éclatant, contrastant avec l’angle supérieur gauche du tableau, dominé par le noir profond. 

Cette peinture achetée aux enchères à Londres en décembre 2017 est déposée au musée Soulages par son propriétaire. À l'instar de 20% des œuvres présentées ici, elle ne fait donc pas partie de la collection du musée. Le dépôt, généralement de cinq ans renouvelables, s'il est accepté après étude du dossier, permet de renforcer la présentation des collections permanentes des musées de France.

*Camille MORANDO, Soulages, éditions du centre Pompidou, mai 2015