Lithographie n°12, 1964

Donaueschinger Musiktage

Pierre Soulages explore les techniques d’impression dès 1951 avec l’eau-forte, la lithographie en 1956 et la sérigraphie en 1973. Ce sont pour lui de nouvelles possibilités plastiques, qui cohabitent avec le travail sur toile tout au long de sa carrière.

Ainsi, Soulages réalise en 1964 Lithographie n°12, chez l’imprimeur suisse Atelier Erker Press pour l’affiche du festival de musique de Donaueschingen, en Allemagne. Créé en 1921, le festival est le premier événement musical à mettre en avant la création contemporaine, jusqu’aux formes les plus expérimentales. Il se tient dans la petite ville de Donaueschingen, située dans le sud de l’Allemagne, jusqu’en 1927 puis est délocalisé à Baden Baden jusqu’en 1933. De nombreux compositeurs s’y succèdent comme Alban Berg (dont le disque Wozzeck en 1961 représente une œuvre de Soulages), Ferruccio Busoni, ou Richard Strauss. Le festival connait une renaissance au cours des années 1950, après une longue absence d’activité à cause de la guerre. L’évènement est relocalisé dans sa ville d’origine et des artistes sont sélectionnés pour la création d’affiches. Outre Pierre Soulages, d’autres artistes de renom sont choisis comme Hans Arp en 1966, Joan Miró en 1969 ou encore Gerhard Richter en 1983 et 2001.

Lithographie n°12 se rapproche du style de peinture que Soulages pratique au milieu des années 1960, caractérisé par de grands aplats de peinture liquide, sombre, recouvrant presque intégralement la toile. Dans cette estampe, il est même possible d’y voir une composition rappelant une partition de musique : quatre lignes superposées avec des notes. Pour autant, Soulages ne cherche pas à transmettre un quelconque message, il laisse le regardeur libre interprète.

Le rapport à la musique de Soulages est particulier, il en écoute peu. Cependant, la musique est pour lui, au même titre que la peinture, un art capable de faire ressentir des émotions sans pour autant que cela soit explicable : « Je crois aussi que lorsque vous êtes écrivain ou musicien, si une oeuvre d’art vous touche, ça se traduit dans la technique de chacun ».