Peinture 220 x 365 cm, 28 novembre 1968 est exposée au musée Soulages depuis son ouverture. On pouvait y voir, devant elle, le président de la République François Hollande tenir son discours d’inauguration du musée, le 30 mai 2014. Par ailleurs, cette toile représente une période particulière de la carrière de Pierre Soulages.
« Au cours des années 60, l’œuvre de Soulages a tendu vers une plus grande spatialité qui, dès lors, ne fera que s’amplifier. Le coup de brosse inscrit un plan plutôt qu’un signe. La peinture est plus monumentale, massive. »1
En effet, Pierre Soulages fait évoluer sa peinture laissant de côté le raclage du début des années 60, pour faire place à de grandes masses sombres recouvrant la surface de la toile. Ici, l’œuvre est divisée en cinq parties : deux bandes sombres, de part et d’autre de la toile, encadrent trois colonnes présentant des formes circulaires. Soulages utilise la superposition de deux couleurs pour la réalisation de son schéma rythmique : le marron et le noir. Pour l’arrière-plan, l’artiste décide de laisser un fond blanc, ainsi la lumière provient de l’intérieur de la toile, traversant cette forme massive et sombre. Ce style de composition, illusion d’une sorte de grille, se retrouve sous différentes déclinaisons dans plusieurs toiles des années 1968-1969. La figure a quitté les toiles de Soulages depuis plusieurs années déjà, mais cela est davantage flagrant avec la peinture de la fin des années 60, qui présente des compositions innovantes avec des formes monumentales.
Peinture 220 x 365 cm, 28 novembre 1968 n’a jamais été vendue et a été peu exposée. La première fois fut en 1989, lors de la rétrospective allemande « Soulages : 40 Jahre Malerei » au Fridericianum de Cassel (montrée également à l’IVAM centre Julio Gonzalez à Valence et au musée des Beaux-Arts de Nantes). Mise en dépôt au Musée de Grenoble en 1993, elle rejoint finalement la collection du musée Soulages dès 2014, comme dépôt du peintre.
En 2020, Pierre et Colette Soulages décident finalement d’intégrer la toile dans leur troisième donation au musée ruthénois. Plutôt casanière, Peinture 220 x 365 cm, 28 novembre 1968 n’a jamais quitté son emplacement dans la salle des grands formats.
1/ Alfred Pacquement dans La Collection du MNAM, centre Georges-Pompidou, Paris, 1987, p. 545.