Pierrette Bloch et ses sculptures de crin

AU FIL DE LA CRÉATION

À partir de 1979, Pierrette Bloch, favorisant les matériaux pauvres, utilise la maille de crin de cheval qu’elle attache et noue sur un fil de nylon pour créer des sculptures aux motifs simples. C’est en 1982 que ce geste trouve sa forme définitive dans la ligne la plus tenue possible et la plus radicale.

Créée en 1986, cette œuvre de 146 cm de longueur, s’appréhende d’abord à l’échelle du mur, et apparait ténue et discrète, comme un mince segment noir qui se dessine à peine. Sa disposition à hauteur d'yeux dans l'espace qui l’accueille intrigue, intensifie sa présence, la désigne comme un objet artistique à découvrir, à observer.

En s’en approchant, nous distinguons une ligne dessinée comme en suspension dans l'espace, en réalité composée de crins noirs minces et longs, montés sur un fil de pêche non visible, tendu à quelques millimètres de la surface blanche du mur, faisant naitre un jeu d’ombre projetée sur la cimaise et construisant un volume.

L’artiste nous entraîne ensuite dans une lecture qui glisse de gauche à droite et inversement comme une indicible partition de formes, composée pour être lue au rythme des nœuds, des boucles, et jambages de fil… et obligeant ainsi le regardeur à se déplacer au fil de l’œuvre.

Cette ligne, tout à la fois objet et forme, fait partie d’une série importante de lignes produites par Pierrette Bloch pouvant atteindre une longueur comprise entre 1 et 12 mètres. Elles sont toutes créées de manière presque compulsive par la répétition à intervalles plus ou moins réguliers d’un même geste minimal délibérément spontané, lui permettant d’explorer la frontière entre le dessin et la sculpture ainsi que les rapports de plein et de vide.

À partir de 1992, le travail de ligne en crin de cheval noué trouve un prolongement, une diversification parallèle par le déploiement de compositions en lignes de points d’encre sur papier.