Lithographie n°29, 1972 et Sérigraphie n°18, 1988

Art et sport sont liés depuis des siècles, depuis la représentation des corps en action dans l’Antiquité. La culture est un moyen d’expression universel et le reflet d’une société, elle est synonyme d’ouverture. Il est donc juste de la retrouver au sein d’institutions sportives, comme les
Jeux Olympiques.

Depuis la première édition en 1896, les Jeux Olympiques modernes proposent à des artistes la réalisation d’une affiche officielle, tirée en milliers d’exemplaires. Les Jeux s’appliquent à montrer une vision de l’art contemporain, on remarque que le design des affiches suit les tendances artistiques, comme en 1904 avec le style Art Nouveau ou en 1920 avec le style Art Déco, tout en restant dans la thématique du sport. Chaque affiche rend également hommage au pays accueillant l’événement, à travers diverses symboliques. À partir de 1936, des affiches promotionnelles sont créées en complément de l’affiche officielle, mais toujours orientées vers une représentation sportive. En 1964, avec les Jeux de Tokyo, la direction artistique de l’affiche officielle change avec la disparition de la dimension sportive. Disparition que l’on retrouve aussi en 1968 avec les Jeux de Mexico, pour lesquels l’affiche est même exposée au MoMA de New York. De plus en plus, on constate une réelle volonté de mettre en avant l’art vivant d’une époque, sans relation directe avec le sport, mais l’un pouvant faire la promotion de l’autre. Le comité des Jeux Olympiques garde le lien antique entre les deux disciplines : « L’idéal était d’atteindre l’harmonie en exerçant à la fois le corps et l’esprit » . Ainsi, pour les Jeux de Munich en 1972, (1) apparaît pour la première fois une série d’affiches artistiques, en parallèle des affiches promotionnelles et de l’affiche officielle. L’évènement est d’autant plus important cette année là pour l’Allemagne, puisqu’il s’agit des premiers Jeux organisés dans le pays depuis 1936. Le comité d’organisation souhaite donc se démarquer et s’inscrire dans le temps à travers la création d’un projet inédit.

Au cours de l’année 1968, l’organisateur des Jeux de Munich Willi Daume, décide de renforcer le lien entre sport et culture en proposant des tirages d’affiches artistiques, un projet qu’il nomme « Edition Olympia 1972 ». Ces affiches ont vocation à être exposées en Allemagne et à l’étranger : dans les ambassades, musées, centres touristiques… Le comité d’organisation fait alors appel à vingt-huit artistes reconnus à l’international, représentants de l’art contemporain. On retrouve par exemple les noms de David Hockney, Victor Vasarely, Hans Hartung, Friedensreich Hundertwasser et Pierre Soulages. Il leur est demandé de représenter une vision propre des Jeux, mais le comité laisse une grande liberté aux artistes pour la réalisation de leurs œuvres.

Alors, Pierre Soulages crée pour cette occasion la Lithographie n°29, caractéristique du style des années 1970 : de grands jambages noirs sur un fond blanc. On ne retrouve pas de dimension sportive ici, mais une œuvre d’art autre, créée spécialement pour l’évènement. Pour appuyer le caractère inédit de cette série artistique, le comité choisit de réaliser trois sortes de tirage : un premier présentant un œuvre originale signée et numérotée à la main par les artistes (200 exemplaires) ; un deuxième présentant un graphisme imprimé avec la signature des artistes dans la planche, sur un papier spécial (4000 exemplaires) ; et un dernier reprenant le graphisme du second tirage mais sur un papier standard d’affiche classique (illimité). Face au succès des affiches artistiques de 1972, le principe est repris lors des éditions suivantes comme en 1984 pour les Jeux de Los Angeles, Séoul en 1988, Londres en 2014 et même Paris en 2024. Pierre Soulages est à nouveau sollicité en 1988 pour la création d’une œuvre. Le comité a cette fois chargé la Lloyd Shin Gallery de sélectionner vingt artistes internationaux et cinq artistes coréens. Soulages est l’un des rares artistes à participer une seconde fois à ce projet, ce qui témoigne de la considération importante que le public porte à son Œuvre. Il crée pour l’occasion Sérigraphie n°18, qui n’est pas sans rappeler son travail autour du bleu et du noir des toiles Outrenoir de la fin des années 1980, l’un se confondant avec l’autre et, ici, jouant avec la transparence.

Le musée Soulages présente actuellement dans son cabinet des estampes, Lithographie n°29 ainsi que l’affiche des Jeux Olympiques de Munich en 1972. Nous vous invitons à venir les (re)découvrir !

 

(1) Théo KOCH, Picktogramm der spiele. Pictogramm of the games, Bruckmann, 1973.

Fiche d'identité de l'oeuvre
Matériaux
Papier
Provenance
musée Soulages Rodez
Chronologie
1972 et 1988
Technique
Lithographie et Sérigraphie
Dimensions
Lithographie : 104,5 x 70 cm et Sérigraphie : 89 x 68,5 cm
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