Concetto spaziale, Attese

Fontana et le Spatialisme

Lucio Fontana (1899-1968), artiste argentino-italien, débute sa carrière artistique par la céramique, puis en 1949, découvre la peinture sur toile. Alors, s’ouvre à lui une nouvelle ère, le spatialisme, dont les premières théories naissent dès 1946. Fin 1958, Fontana crée ses premières Attese (« attentes » en italien) : des toiles entaillées souvent monochromes, qui participeront largement à sa reconnaissance internationale.

Les premières définitions du mouvement spatialiste naissent donc en 1946, à Buenos Aires, avec l’écriture du Manifeste Blanc par des étudiants des Beaux-arts. S’ensuit la publication de plusieurs textes sous forme de tracts jusqu’en 1952. Ce courant repose sur l’expérimentation. Tourné vers le futur, il se veut révolutionnaire. Pour cela, l’artiste spatialiste doit aller au-delà de la mimesis, c’est-à-dire de la simple représentation du réel via la figuration. Il est question de créer un art propre, éloigné de la représentation. Fontana est particulièrement sensible aux grands progrès qui s’opèrent dans la seconde moitié du XXe siècle et notamment la course à l’espace, la compréhension de l’univers. Selon lui, l’art est en corrélation avec le monde qui nous entoure et doit ainsi être évolutif et novateur : « On demande un changement dans l’essence et dans la forme. On demande un dépassement de la peinture, de la sculpture, de la poésie, de la musique. On a besoin d’un art supérieur compatible avec les exigences de l’esprit nouveau »1. Ainsi, l’art spatialiste repose sur deux principes : le temps et l’espace. Cela se traduit par un dynamisme, mouvement au sein des œuvres, créé à travers des jeux de matières, de couleurs ou de lumière. Le mouvement, par définition, est une donnée non figée et évolutive, dans le temps et l’espace.

Concetto spaziale, Attese fait donc partie de la série des « Fentes » (Tagli en italien) monochromes réalisées entre 1958 et 1968. Fontana a choisi ici le rouge. Celui-ci recouvre entièrement la toile. On ne distingue d’ailleurs aucune trace du geste : pour cela, Fontana utilise la peinture à l’eau. L’artiste réalise ensuite quatre fentes de même dimension au centre de la toile à l’aide d’un cutter, alors même que la peinture est encore fraîche. Une fois sèches, les fentes sont remodelées à la main, pour obtenir l’ouverture souhaitée, puis un morceau de gaze est collé à l’arrière pour fixer la forme. Le terme Attese, « attentes », renvoie au moment précédant l’entaille : la suspension du temps et du geste, avant le contact déchirant du cutter avec la toile. Avec les Attese, Fontana nous met face à des œuvres ouvertes directement sur le vide, sur l’espace. L’infini est suggéré par la couleur unique et le mouvement se manifeste par les ouvertures qui dynamisent la toile. La lumière et la matière ne sont pas ici uniformes. Fontana, au-delà de son discours, laisse une place importante à l’expérience de chacun face à ses toiles, pour cela nous vous invitons à venir voir l’exposition rétrospective de l’artiste au musée Soulages !

  1. Manifeste blanc, 1946, dans l’ouvrage Ecrits de Lucio Fontana (Manifestes, textes, entretiens), Traduction, présentation, et essai introductif par Valérie Da Costa, les presses du réel, 2013
Fiche d'identité de l'oeuvre
Matériaux
Toile
Provenance
Galerie Tornabuoni Art
Chronologie
1965-1966
Technique
Peinture à l’eau
Dimensions
54 x 65,5 cm
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