Les estampes : du changement en perspective

Fin avril, l’accrochage du cabinet des estampes du musée sera entièrement renouvelé. C’est une nécessité afin d’assurer la bonne conservation des œuvres, d’éviter le jaunissement des papiers et la décoloration des encres, conséquences de leur exposition à la lumière. Les œuvres actuellement exposées seront donc décrochées et partiront se reposer en réserve. 48 nouvelles estampes allant de 1952 à 1999, parmi les 143 que compte la collection du musée, ont été sélectionnées afin de représenter les différentes techniques expérimentées par Pierre Soulages : eaux-fortes, lithographies, sérigraphies. Le nouvel accrochage permettra d’appréhender le processus de réalisation d’une estampe et proposera quelques œuvres jusqu’alors jamais présentées au musée.

Outre le choix des œuvres, le changement des estampes est un processus long qui nécessite notamment en amont de l’accrochage l’intervention d’une restauratrice d’arts graphiques afin de réaliser le montage des œuvres. Si la présentation des estampes doit s’accorder avec la muséographie et la conservation des œuvres, elle doit également prendre en compte les exigences de Pierre Soulages, exprimées avant l’ouverture du musée : pas d’encadrement pour les eaux-fortes qui doivent donner l’impression de « flotter dans l’espace » tandis que les lithographies et les sérigraphies doivent être présentées selon un montage libre c’est-à-dire sans passe-partout. Pour Pierre Soulages il était important de mettre en relief le grain du papier, les creux de la gravure, l’épaisseur des ancrages, la barbe* du papier… bref le papier en tant que matériau.

Si les lithographies et les sérigraphies sont montées de façon assez classique sur des cartons de conservation au moyen de charnières en papier japonais, les eaux-fortes ont nécessité la mise au point d’un système invisible, validé par Pierre Soulages. Ces œuvres doivent être distantes du fond de la vitrine de 3 cm et sont montées sur des supports en carton de conservation cannelés légèrement plus petits que les œuvres pour ne pas être visibles. Ces supports sont renforcés au dos par 2 talons en carton non acide qui permettent l’accrochage éloigné du mur tout en assurant la verticalité du montage. L’œuvre ainsi montée vient ensuite se positionner sur des cornières en aluminium fixées sur une cale en bois placée sur le fond de la vitrine.

En somme, un travail très technique pour rendre aux œuvres tout leur sublime.

*Barbe du papier : irrégularités du bord des feuilles faites à la main.

Fiche d'identité de l'oeuvre
Matériaux
Papier
Provenance
Donation de Pierre et Colette Soulages en 2005 et acquisitions ultérieures
Chronologie
de 1952 à 2008
Technique
Eau-forte, lithographie et sérigraphie
Dimensions
21,5 x 12 cm à 96 x 94 cm
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