La Pointe Courte d’Agnès Varda, 1954

« Je suis née à Sète et non pas à Ixelles, sur le quai Louis-Pasteur et non pas avenue de la Couronne, en plein midi¹ » C’est à Sète que tout commence pour Agnès Varda, où elle vit entre 1940 et 1945, sur le bateau de son père, amarré face à l’appartement de la famille Schlegel. C’est ici qu’elle s’imprègne de la plage, de la mer et des pêcheurs…

Sète tient une place importante dans la vie et l’œuvre de Varda, elle y fait des rencontres déterminantes et perçoit ses premières émotions artistiques. En 1954, elle fonde Ciné-Tamaris pour la production de son premier film : La Pointe Courte, nom du quartier des pêcheurs de Sète. Jusque-là photographe, l’artiste décide de sauter le pas de l’image en mouvement, sans vraiment savoir pourquoi : « Peut-être voulais-je quitter le silence des portraits immobiles pour aller vers des voix, des sons, du mouvement et de la musique.² »

« J’étais parmi les pêcheurs et leurs filets tout le temps. D’amitié, je ne les ai pas quittés. Je voulais inventer un film complexe comme la vie, qui juxtaposerait sans les accorder les sentiments personnels parfois embrouillés (un couple) et les situations difficiles d’une collectivité, les pêcheurs.³ » Pour cela, Agnès met en scène Philippe Noiret (dont c’est le premier long métrage), Silvia Monfort, mais aussi les habitants du quartier. Plusieurs photos témoignent de ce tournage : on y retrouve la cinéaste derrière sa caméra, parfois perchée en haut d’une pile de caisses, ou donnant des instructions. Agnès tient à mettre en lumière le quotidien, ce que l’on ne regarde pas, les gens de tous les jours. Ce film, aujourd’hui considéré comme le premier du mouvement Nouvelle Vague, se trouve entre fiction et documentaire, une caractéristique importante du travail d’Agnès Varda.

Le musée Soulages présente actuellement, au sein de son exposition « Agnès Varda. Je suis curieuse. Point. », plusieurs documents d’archives sur cette première aventure cinématographique. Entre photographies, lettres, maquettes et installations, plongez dans l’univers de La Pointe Courte, à retrouver également tout au long du mois de novembre au cinéma CGR de Rodez.

1- Agnès Varda, citation tirée d’Agnès Varda, Laure Adler, Gallimard, 2023, p. 2.

2- Agnès Varda, texte de salle La Pointe Courte, dans l’exposition « Agnès Varda Je suis curieuse. Point. », musée Soulages, Rodez (du 28 juin 2025 au 4 janvier 2026)

3- Ibidem.

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