C’est en 1951 que Pierre Soulages fait ses premiers pas en gravure dans l’Atelier Lacourière à Paris. L’eau-forte XX de 1972 arrive après une recherche expérimentale de la technique.
D’abord, la plaque de métal, ici du cuivre, est enduite d’un vernis. Le graveur trace son dessin à l’aide de pointes métalliques, entamant ainsi le vernis. La plaque est ensuite plongée dans une préparation d’acide, d’où le nom d’eau-forte. Alternant taille-douce et morsure, Pierre Soulages s’en remet au hasard dans cette première étape de préparation de la matrice où les parties mises à nues sont rongées par l’acide alors que celles protégées par le vernis restent indemnes.
Lors du passage sous presse, seconde étape du procédé, les zones creusées recevront l’encre. Dans sa quête du noir profond, Soulages va jusqu’à, par inadvertance, laisser l’acide perforer le cuivre. Ce trou, erreur ultime pour un graveur conventionnel, Soulages l’exploite : ce qui devait être noir sera blanc. Cet accident laisse apparaître, à l’impression, la blancheur immaculée du papier vélin d’Arches, sa trame, son grain.
Si pour ses premières eaux-fortes Soulages tente de reproduire ses peintures, il s’abandonne au plaisir de la technique laissant faire l’acide pour arriver à des formes plus libres. La plaque de cuivre, outil de l’impression, et le papier, bien plus qu’un simple support, font partie intégrante de cette œuvre. Soulages considère les eaux-fortes comme des œuvres à part entière.