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Qui est Geneviève Asse ?

Geneviève Bodin naît le 24 janvier 1923 à Vannes, en Bretagne, ainsi que son frère jumeau Michel. Après la séparation de ses parents, sa mère, Odette Asse, part travailler à Paris. Geneviève fait le choix de prendre son patronyme. Les enfants sont élevés dans le manoir familial sur la presqu’île de Rhuys par leur grand-mère maternelle, directrice de l’école normale d’institutrices de Vannes (Morbihan). Solitaire et fascinée par la nature, le ciel, la mer et la lumière, Geneviève se sert des pages de livres comme support, rehausse aux crayons les vignettes des Nouveaux Contes de fées de la comtesse de Ségur, les gravures de Gustave Doré… Une activité qu’elle poursuivra tout au long de sa vie jusqu’aux carnets de peinture.

En 1932, Geneviève et son frère partent vivre à Paris, avec leur mère qui travaille pour les éditions Delalain. La famille loge près du parc Montsouris, où de nombreux artistes ont leur atelier, dont Maria Elena Vieira da Silva. Geneviève fréquente assidûment le musée du Louvre pour admirer les œuvres de Chardin et visite nombre de musées en France, en Belgique et en Hollande. Son goût pour l’art se confirme. Entre 1940 et 1942 Geneviève est élève à l’École nationale supérieure des arts décoratifs. Elle découvre la peinture de Paul Cézanne et commence à peindre ses premières natures mortes, constituées de formes simples, épurées et géométriques : de boîtes, d’encriers, de bouteilles. A cette même période, elle entre en Résistance contre l’occupant en s’inscrivant à l’Union nationale des étudiants de France (UNEF).

Geneviève Asse expose pour la première fois en 1942 au Salon des moins de trente ans (Galerie Royale, Paris). Ce jeune salon, organisé par Mme Schildge-Bianchini, est l’une des rares activités artistiques pendant la guerre ; la peintre y prend part à nouveau en 1947 et 1948. Elle fréquente Montparnasse et rencontre Robert Desnos, Alain Cuny, Raymond Queneau, Tristan Tzara, les artistes Francis Gruber, Ossip Zadkine, André Marchand, Tal-Coat, André Derain, Othon Friesz… Ce dernier l’introduit dans le groupe de L’Échelle, dont l’atelier est rue de la Grande-Chaumière. Geneviève Asse y réalise des natures mortes fortement inspirées par le cubisme.

En 1944, elle rejoint son frère dans les FFI - Forces Françaises de l’Intérieur puis s’investie à la Croix-Rouge automobile. Affectée dans la 1ère Division Blindée comme conductrice ambulancière, elle participe aux campagnes d’Alsace, d’Allemagne et sera volontaire pour l’évacuation des déportés du camp de Terezín (Tchécoslovaquie) où vient de mourir Robert Desnos. Elle est décorée de la Croix de guerre à Karlsruhe en 1945.

De retour à Paris en 1946, Geneviève Asse loge à Saint-Germain-des-Prés. Elle créé des motifs pour des tissus commandés par les maisons Bianchini-Ferrier, Flachart, Paquin et Jean Bauret. Elle expose ses œuvres au Salon d’automne (en 1947, 1948, 1949), Salon de mai (1957, 1958, 1961) et Salon des réalités nouvelles (1958, 1961, 1962). Elle restera très fidèle à ces deux derniers. Ces différents salons artistiques, qui marquent une transition significative vers l’art d’après-guerre, sont de véritables lieux de rencontre, d’expérimentation et de renouveau qui ont servi de tremplin à nombre d’artistes émergents liés à l’abstraction.

En 1949, Geneviève Asse installe son atelier au 128, boulevard Auguste-Blanqui (XIIIe arr.) dans un petit local des Éditions Delalain. En 1950, elle rencontre Jean Leymarie, alors conservateur au musée de Grenoble de 1950 à 1955, avec lequel elle noue une longue et fidèle amitié. Michel Warren, peu après l’ouverture de sa galerie, rue des Beaux-Arts, présente sa première exposition personnelle en 1954. Il l’exposera régulièrement les années suivantes.

En 1957, elle passe l’été dans le Sud de la France à Aubagne et Saint-Tropez. Ses recherches tendent à faire disparaître les objets de ses tableaux laissant la place à des formes épurées puis une lumière irradiante.

En 1959, elle prend un atelier plus spacieux, toujours boulevard Blanqui, et commence à peindre de grandes toiles blanches irisées de lumière en 1960. Puis en 1961-1962 elle acquiert les châssis circulaires laissés chez un fournisseur parisien par le peintre et sculpteur américain Ellsworth Kelly, retourné à New York en 1954. Elle réalise avec ses premiers tondi. Les années 60 sont marquées par sa participation à de nombreuses expositions tant collectives que personnelles. Entre 1966 et 1970 sa production s’organise en séries qui alternent formats verticaux et formats circulaires et en panneaux assemblés. Sa peinture explore le blanc pour, au milieu des années 1970, glisser délicatement vers le bleu qui en 1980 devient sa couleur exclusive : « le bleu Asse ».

Si ses toiles aux reflets du Sud Bretagne ont créé sa notoriété, Geneviève Asse se distingue dans bien d’autres techniques. Elle s’épanouit notamment dans les livres d’artistes qui ont pour singularité de faire dialoguer intimement le texte et l’image. Elle s’adonne à la lithographie, la gravure à la pointe sèche et le dessin pour de nombreux ouvrages d’auteurs et poètes dont Jean-Paul Sartre, Pierre Lecuire, Samuel Beckett, Silvia Baron Supervielle, André Frénaud, Charles Juilet, André du Bouchet... Sa pratique de la gravure ne se limite pas aux livres d’artistes.

En 1972, Geneviève Asse prend sa place dans l’exposition Étoilements. Peinture, dessin, gravure autour de la revue Argile au musée des Beaux-Arts du Havre aux côtés notamment de Braque, Eduardo Chillida, Joseph Sima, Pierre Soulages, Raoul Ubac et Vieira da Silva. Cette même année, elle participe à la 3e Biennale internationale de gravure à Buenos Aires, ainsi qu’à la 8e Biennale internationale de la gravure à Tokyo.

En 1977-1978 une grande exposition lui est consacrée au cabinet des estampes du musée d’Art et d’Histoire de Genève Geneviève Asse. L’œuvre gravé. Le premier volume du catalogue raisonné de son œuvre gravé est établi. L’exposition est reprise au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. En suivant elle donne une centaine de gravures et l’ensemble de ses livres à la Bibliothèque nationale de France qui lui consacre une exposition en 2002.

Geneviève Asse est aussi sollicitée par l’Etat lors de commande publiques dans différents domaines.

En 1967, au titre du 1 %, elle créé un vitrail de vingt-cinq mètres carrés pour le collège technique d’Albi. À la demande de Jean Bazaine, elle réalise douze vitraux pour la cathédrale de Saint-Dié (Vosges) en 1988. En 1996, elle réalise avec Olivier Debré vingt-et-un vitraux pour la collégiale Notre-Dame-de-Grande-Puissance de Lamballe (Côtes-d’Armor). Trois baies sont réalisées en commun, six autres par Olivier Debré et douze par Geneviève Asse. L’ensemble des vitraux est achevé en 2008 aux Ateliers Duchemin. En 1967, la manufacture des Gobelins lui commande un carton pour le tapis Ouverture I il est tissé en 1978. D’autres commandes suivront dont : Ouverture bleu par la Manufacture de Beauvais en 1972, Ligne bleue pour la Manufacture de Lodève en 1984, Rhuys pour la Manufacture des Gobelins en 1992. Ces ouvrages sont dans les collections du Mobilier national.

En 1979 à la demande de la Manufacture nationale de Sèvres, elle créé le décor pour une assiette plate du service Diane, pour le vase Gauvenet n° 7 en 1980, pour une assiette plate du service Diane en 1984 ainsi qu’une autre en 2001.

Geneviève Asse est grandement reconnue pour sa production artistique au diverses techniques. Elle est présente sur les cimaises des musées et des plus grandes galeries ainsi que dans le milieu littéraire. En 1988 une rétrospective, lui est consacrée au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Catherine Putman, qui édite ses gravures depuis 1990, présente ses œuvres dans différentes foires internationales (FIAC, Bâle, Madrid…) et lui consacre, en 2010, une exposition d’une trentaine d’œuvres récentes dans sa galerie. En 2013, à l’occasion de son 90e anniversaire, plusieurs expositions personnelles lui sont consacrées. La Cohue-musée des Beaux-Arts de Vannes, sa ville natale, ouvre une salle permanente pour son œuvre.

Geneviève Asse est nommée Commandeur de la Légion d’honneur en 2006, Grand Officier de la Légion d’honneur en 2010, puis élevée Grand-croix de la Légion d’honneur qui lui est remise par le Président de la République, François Hollande, en 2014. Elle partage son temps entre ses ateliers de l’Ile-aux-Moines (Morbihan), où elle a acheté une maison en 1988 et l’Ile-Saint-Louis à Paris. Geneviève Asse s’éteint le 11 août 2021 à Paris, à l’âge de quatre-vingt-dix-huit ans. Après un hommage national aux Invalides de Paris le 18 août, l’artiste est inhumée dans l’intimité au cimetière de l’Île-aux-Moines le 20 août.

Pour en voir plus : Catalogue raisonné en ligne de l’œuvre peint de l’artiste par Antoine Laurentin : https://www.genevieve-asse-catalogue.com/

Fina Gomez. Droits réservés

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