Françoise RAGON

Interview avec Françoise RAGON

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Les Soulages avec les Ragons en 1967

1. Présentation

Professeure de piano jusqu’en 2020, épouse de Michel Ragon depuis 1968 avec qui j’ai partagé l’amour de la musique, l’amour des arts plastiques, l’amour de la littérature et aussi ses amitiés dont celle de Pierre et Colette Soulages .

2. Rencontre avec Soulages

Ma 1ère rencontre d’une peinture de Soulages se situe en janvier 1967 dans l’appartement de Michel Ragon qui m’a invitée un dimanche après-midi pour écouter ses nombreux disques de tout Erik Satie. Chez Michel Ragon quelques tableaux au mur, et je m’arrête fascinée devant une encre sur papier de Pierre Soulages de 1947.   L’œuvre n’est pas encore marouflée mais dans un encadrement sous verre. Ma mémoire après plus de cinquante ans est très précise et je me revois ne connaissant ni cette peinture ni son auteur, entrer dans un univers que je n’imaginais pas. Je veux dire un univers qui me donnait un chemin que je cherchais dans la musique.  Immédiatement s’est imposé ce parallèle avec les derniers quatuors de Beethoven. J’y pense encore aujourd’hui.

Un peu plus tard, je rencontre pour la 1ère fois l’homme, le peintre déjà célèbre Pierre Soulages. C’était en août 1967 à l’aéroport d’Orly. Nous étions invités Michel et moi par Pierre et Colette dans leur maison de Sète. Pierre qui était aussi du voyage Paris–Montpellier ne cessait de s’inquiéter à mon sujet car j’effectuais mon premier vol et de surcroît en avion à hélice. Tout au long du trajet, il me demandait : est-ce que ça va, tu n’as pas peur ?  Quelle prévenance, quelle délicatesse, quelle simplicité chaleureuse, si longtemps après, j’en suis encore très émue.

Ensuite, notre séjour dont Michel Ragon dit dans son livre Les Ateliers de Soulages : « j’ai toujours conservé un souvenir émerveillé de mon premier séjour dans cette maison de Sète » fut si fabuleux que durant toute une semaine, nous n’avions aucun désir de sortir mais rester dans cet espace hors temps entre le cimetière marin, la vue sur la mer, l’architecture de la maison, le jardin et surtout l’amitié de nos hôtes avec la fraîcheur joyeuse de Colette qui travaillait déjà à la vie de l’œuvre de Pierre.

3. Œuvre préférée

Impossible pour moi de désigner une œuvre car chaque tableau, chaque peinture sur papier et même les œuvres gravées me parlent chacune à leur façon et sont pour moi d’une construction indissociable.

4. Un souvenir

Encore un petit souvenir, lors de l’inauguration de l’aile Soulages au musée Fabre de Montpellier en février 2007, Pierre Soulages saluant tous les invités au dîner qui suivait me dit : « toi, je sais que tu aimes ma peinture ». On l’aura compris, j’aime cette œuvre passionnément.

– Francoise Ragon, le 26 novembre 2025

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