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Le peintre et le poète 
au musée Dynamique de Dakar

Le centre de documentation Pierre Encrevé conserve de nombreuses affiches d’expositions consacrées à Pierre Soulages et parmi elles, celle du musée Dynamique de Dakar en 1974. Retour sur un événement qui s’est tenu, exactement, il y a 50 ans…

Du 29 novembre au 19 décembre 1974, une exposition Pierre Soulages est organisée au musée Dynamique de Dakar. Cette exposition est voulue par Léopold Sédar Senghor, le Président de la République du Sénégal en ce temps-là.

Senghor, alors député à l’Assemblée Nationale pour le groupe des Indépendants d'Outre-mer, découvre les œuvres de Soulages lors d’une exposition personnelle qui lui est consacrée, du 13 mars au 9 avril 1956, à la Galerie de France, 3, rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris. Admiratif devant la subtilité de la lumière, la construction des formes et la profondeur des toiles du peintre, l’homme politique, aussi poète, prend attache pour visiter l’artiste. Les deux hommes se rencontrent dans l’atelier de Soulages qui est rue Schœlcher à ce moment ; Senghor lui achète une œuvre : Peinture 81 x 60 cm, 3 décembre 1956. Naît, à la suite, une affinité et une longue correspondance entre les deux hommes.

Le 7 septembre 1960, Léopold Sédar Senghor est élu Président du Sénégal. Il est une figure majeure de la négritude, ce mouvement littéraire, culturel et politique qui prend source sous la plume du poète et homme politique martiniquais Aimé Césaire dans les années 1930. Le programme est d’affirmer la dignité, la valeur et l'identité des peuples noirs face au colonialisme et au racisme.

Afin de célébrer l’héritage culturel africain Senghor créé le Musée Dynamique qui est conçu par l’ethnologue Jean Cabus. Inauguré le 31 mars 1966, c’est le premier musée d’art moderne et contemporain d’Afrique de l’ouest. Le Musée Dynamique accueille des artistes plasticiens sénégalais, collecte, étudie, valorise le patrimoine local et organise des expositions temporaires telles que L'art nègre (1966), Témoins des temps passés (1966), Marc Chagall (1971), Pablo Picasso (1972), Fritz Hundertwasser (1973). Et c’est naturellement qu’en 1974, Léopold Sédar Senghor invite Pierre Soulages pour une exposition personnelle. Le peintre n’a que 55 ans et n’a pas encore exploré toutes les voies du noir. Il présente 37 peintures, 11 eaux-fortes et 9 lithographies. Parmi ces dernières, Lithographie n°37 qu’il imprime chez Fernand Mourlot à Paris et qui servira d’affiche pour l’événement.

Dans le catalogue de cette exposition, aussi conservé au Centre de documentation Pierre Encrevé, Léopold Sédar Senghor écrit :

« La première fois que je vis un tableau de Pierre Soulages, ce fut un choc. Je reçu, au creux de l’estomac, un coup qui me fit vaciller, comme un boxer, touché, qui, soudain, s’abîme. C’est exactement l’impression que j’avais éprouvée à la première vue du masque dan. Ce n’est pas un hasard, les peintures de Soulages me rappellent, toujours, les sculptures, voire, les peintures négro-africaines. »

Le musée Dynamique prônait l’expérimentation artistique et le dialogue entre les cultures de tous horizons, tant traditionnelles que contemporaines, des concepts aussi chers à Soulages.

Symbole des arts vivants et de la rencontre des cultures européenne et africaine, le Musée Dynamique a fermé ses portes en 1988.