Tout au long de l’année 2019, le “Siècle Soulages” sous l’égide de Rodez agglomération et la Ville de Rodez, associe différents acteurs culturels du territoire pour rendre hommage à la vie et l’œuvre de Pierre Soulages, source d’inspiration pour des artistes, toutes générations confondues, qui fêtera son centième anniversaire le 24 décembre 2019. Le musée Soulages est évidemment l’un des acteurs de ce programme et propose entre autres événementiels, l’exposition Miguel Chevalier, Pixels Noir Lumière 2019 du 20 avril au 26 mai 2019.
L’art numérique fait donc son entrée remarquée au musée Soulages. D’aucuns pourraient s’étonner du choix d’un artiste représentant d’une forme d’art qui semble très actuelle, du XXIe siècle, pour marquer la célébration du centenaire de Pierre Soulages, résolument peintre, utilisant une large palette d’outils qu’il a inventé lui-même, bien éloignée des créations virtuelles des ordinateurs, interfaces et réseaux qu’utilise Miguel Chevalier. Pourtant, en étudiant bien la question, ce rapprochement peut finir par apparaître comme une évidence. Constatons d’abord que Miguel Chevalier, développe depuis le début des années 80, une démarche artistique avec pour médium principal l’outil informatique mais dans un dialogue constant avec la peinture et la lumière. Il explore et expérimente un nouveau langage pictural où le pixel devient l’équivalent de la touche picturale.
Miguel Chevalier est acteur d’une époque qui a vécu un basculement de l’histoire de l’art, à la fin des années 70, où l’on commence à parler d’une société de l’information, des sciences informatiques et numériques. Cet art (re) naissant s’appuie sur l’état de la technique de son temps, il est dépendant du matériel et de l’avancée technologique qui évolue à une vitesse exponentielle, créatrice d’une intelligence artificielle interpellant tout à la fois la science, la société, et l’artiste. Miguel Chevalier, diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, s’est peu à peu imposée internationalement, comme l’un des pionniers de l’art virtuel et du numérique dès 1980. Il a participé à l’interrogation de : comment penser ces technologies dans l’art aujourd’hui : simples médias de communication, outils, supports, dispositifs ?. Rapidement il se singularise et utilise ces outils, non pas pour faire leur apologie mais pour essayer de développer une écriture à part entière personnelle intégrant tous les autres supports artistiques que nous connaissons (peinture, photo, vidéo et digital). Miguel Chevalier travaille la lumière numérique en tant que matière artistique pour créer des expériences et sensations nouvelles au-delà du phénomène optique.
L’Origine du Monde 2019, œuvre de réalité virtuelle générative et interactive, propose une expérience immersive grâce à une projection monumentale au sol (12 x 7,50 m), qui se modifie en temps réel selon le mouvement des spectateurs. Leur déplacement détecté par des capteurs génère des interférences, des ondulations, voire des turbulences, créant sous leurs pas, des expériences visuelles inédites jouant avec les perceptions et les sensations. Des micro-organismes et des automates cellulaires se multiplient, se divisent, fusionnent, prolifèrent dans un rythme tantôt lent, tantôt rapide. Cet univers de synthèse, artificiel, semble retrouver celui de la vie, mais il ne tarde pas à se mêler à un univers de méga-pixels noir et blanc instables qui tourbillonnent.
Miguel Chevalier utilise la lumière, mais autrement. Celle qui surgit d’un vidéoprojecteur pour faire apparaître, par exemple dans Pixels Liquides 2019, une peau de pixels noirs et bleus aux étonnants effets de matières et de textures, qui évolue de façon autonome dans le cadre pictural d’un mur de 13,40 m x 7,80 m. Il implique à son tour le déplacement du spectateur qui transforme la “peinture lumière” en trame de fond et participe à en créer une variante mouvante unique et éphémère qui finira par s’effacer lentement jusqu’au prochain passage d’un visiteur.
Au regard de cette exposition, l’œuvre de Miguel Chevalier se révèle tout autant spectaculaire qu’expérimentale, prenant ici appui sur la démarche de Pierre Soulages dont il reformule, à sa manière, des données essentielles. Son travail pluridisciplinaire aborde notamment la question de la virtualité dans l’art, avec la générativité, et l’interactivité et la matérialité. Les images abstraites et figuratives qu’il nous livre interrogent aussi perpétuellement nos sens dans notre relation au monde technologique actuel et futur, avec la volonté de nous projeter dans l’art du XXIe siècle.
Individuel adulte :
de 7€ à 11€ à la journée
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