Le musée Soulages prête 30 peintures sur papier au musée Fabre

Le musée Soulages prête 30 peintures sur papier au musée Fabre pour son exposition « Hommage à Pierre Soulages » (24 juin – 5 novembre 2023)

« Par impatience, un jour, dans un mouvement d’humeur, muni de brou de noix et de pinceaux de peintre en bâtiment, je me suis jeté sur le papier ». C’est ainsi que Pierre Soulages racontait ses débuts dans la peinture, en 1946, avec l’utilisation du brou de noix. Si les peintures sur papier ont jalonné une grande partie de sa production artistique, celles des premières années « préfigurent tout ce qui sera sa peinture » selon le critique Michel Ragon.

Le musée Fabre de Montpellier a souhaité rendre hommage à l’artiste disparu en octobre dernier à travers la présentation de peintures sur papier datées de 1946 à 1956, soit les 10 premières années de production de l’artiste, faisant écho aux 12 dernières années de sa carrière présentées au musée Soulages. A cette occasion, le musée Soulages a prêté au musée Fabre 30 œuvres issues de ses collections.

Les peintures sur papier des débuts sont réalisées avec des matériaux simples et peu coûteux, liés au contexte de sortie de guerre : papier, brou de noix, encre d’imprimerie et parfois gouache ou fusain. Les toiles, châssis et couleurs à l’huile étaient alors inabordables pour le jeune Pierre Soulages. Ces premières peintures furent réalisées dans l’appartement-atelier de Courbevoie où Pierre et Colette Soulages, alors jeunes mariés, s’étaient installés en 1946. Les médiums choisis par Pierre Soulages à cette période permettent des effets de transparence et d’opacité, le brou de noix rappelant en outre à l’artiste les terres ocres de son Aveyron natal et les produits utilisés par les artisans de la rue Combarel où il habitait enfant.

Au fil des ans, les peintures sur papier de Pierre Soulages vont s’éloigner du graphisme des premières années, les traces s’accentuent et la surface du papier, laissée brute, sans préparation ni coloration, s’éclaire par le contraste né des masses sombres, créant du rythme. Le geste devient plus rapide, facilité par l’utilisation de larges brosses. Les papiers de Soulages donnent l’idée de sculptures, de calligraphies et de signes mystérieux.

Au début des années 50, Pierre Soulages commence à utiliser des papiers de très grand format (papiers « Grand Aigle » de 75 x 106 cm), les grandes dimensions des œuvres allant devenir par la suite l’une de ses caractéristiques.

Pierre Soulages a toujours été attaché au musée Fabre, il aimait s’y promener avec Colette Llaurens sa future épouse lors de leurs années d’études à l’école des Beaux-arts de Montpellier. Il nous semblait donc important qu’un hommage puisse lui être rendu dans ce lieu symbolique.